Where are les bartenders ?

Après des mois d'inactivité beaucoup d'entre nous ont réalisé que la vie le jour valait aussi le coup d'être vécue. Tel des hiboux illuminés les professionnels de la restauration se sont tournés vers des métiers diurnes laissant dans leur secteur d'activité un vide qui n'est pas sans rappeler la ligne edito de Valeurs actuelles. Mais que sont devenus nos bartenders, nos serveurs, nos chefs ? Si l'on en croit nos fils d'actualité Facebook ils sont presque tous devenus agents immobilier. Mais les autres alors, ont-ils repris leur job ? Comment un secteur qui a autant de postes à pourvoir peut-il être en pénurie de bras ? Avec 2.4 millions de demandeurs d'emploi en France soit 8.1% de la population active comment se fait-il que ce soit un étudiant en mi-temps qui fasse le service, la prep et les cocktails ? Vous avez bien fait de revenir sur ce blog, j'ai toutes les réponses et, tel Benjamin Griveaux, je vais tout déballer. 

Chomeur
L'indécence de ces chômeurs qui volent le travail de nos actifs...


La flemme olympique

Est-ce là la véritable raison du nombre d'emplois qui ne trouvent pas preneur dans la restauration. Quand on compare les chiffres des demandeurs d'emplois et des postes à pourvoir on a tendance à zemmouriser notre pensée en faisant un raccourci simple: 
Les gens ne travaillent pas parce qu'ils profitent du système et des alloc'

Preuve qu'avoir de grandes oreilles n'aide pas à mieux écouter
S'il est indéniable que parmi les chômeurs inscrits au pole emploi depuis la crise du Covid 19 on trouve des Balkany en puissance qui profitent du système, il existe aussi une autre réalité. Celle qui a touché les employés en période d'essai, en CDD, en extra, les auto-entrepreneurs, les nouvelles structures de presta évènementielles, les jobs saisonniers etc... tout ceux qui n'ont pas pu bénéficier du chômage partiel mis en place par le gouvernement du fait de la nature de leurs contrats ou bien parce que leurs employeurs n'étaient pas éligibles à cette aide. 
Cette partie de la population a en grande partie mis à profit ce temps mort pour suivre des formations et amorcer une reconversion. L'UMIH estimait en Mai 2021 que 140 000 salariés de l'industrie avaient changé de métier depuis le début de la crise (110 000 en 2020 et plus de 30 000 début 2021). Et rien n'est venu combler cet exode de 140 000 professionnels du CHR. Bien au contraire puisqu'à ce jour les chiffres officiels fournis par le ministère du travail et relayés notamment par l'OBS exposent que:

Le secteur de l'hôtellerie restauration a perdu 237 000 salariés entre février 2020 et février 2021

Les professionnels de la restau qui retournent à la fac après 20 ans de service
Résultat: Depuis  la réouverture, lieux de restauration sont dépourvus de main d'œuvre et les emplois ne trouvent pas preneurs suffisamment vite pour accompagner l'intense rythme retrouvé. 

Les statistiques du ministère du travail montrent quelques chiffres édifiants: 
  • Il y a eu cette année 213 000 nouveaux entrants dans le secteur de l'hôtellerie restauration pour 450 000 sortant
  • Les effectifs dans l'industrie sont donc passés de 1,309 Millions à 1,072 Millions
  • 67% Des effectifs soit environ 722 000 salariés étaient au chômage partiel en Février 2021

Effet perd-verre

Le revers de la médaille c'est que ceux en poste se sont retrouvés à subir des horaires extrêmement éprouvants. Une semaine auparavant ils ne s'excitaient qu'en regardant Claude perdre injustement à Koh Lanta et, en moins de temps qu'il n'en faut à BFM pour parler du voile, ils se sont vus enchainer les coupures.
Mais avec un arrêt des subventions, le restockage complet à faire et les trésoreries affaiblies, tous les établissements ne furent pas capables de récompenser cet effort supplémentaire demandé aux employés. Un second effet pervers apparu alors puisque pour beaucoup le retour à la réalité fut si violent qu'ils décidèrent à leur tour de changer de voie. Toujours moins de professionnels sur le terrain pour une activité en constante hausse, c'est la nouvelle réalité du milieu. Il a donc fallu adapter les fiches de postes, revoir les exigences concernant l'expérience, diversifier les types de contrats etc... 
POV: tu es face au nouveau serveur de ton resto' pref'
Mais alors qui bosse ?
Et bien de plus en plus de postes du secteur CHR sont occupés par des étudiants par exemple. Et si ces derniers sont tout aussi capables qu'un autre, ils ne sont en revanche pas formés, n'ont pas tous la possibilité d'effectuer les horaires de nuits et ne sont qu'une solution temporaire puisque, mis à part ceux en fac de psycho (ne vous voilez pas la face les mecs), la plupart vont trouver un travail en adéquation avec leur diplôme. Toujours est il que beaucoup et parfois même la majorité des emplois vacants ne trouvent pas preneur comme le démontre cette carte provenant de l'article du 9 Juin 2021 de OUEST FRANCE 

La france bleue blanche verte



Alors qu'est ce qu'on fait ? 

Le souci ici, c'est que c'est un problème qui est d'abord conjoncturel avant d'être structurel. Pour autant il nous faut agir si l'on veut pouvoir maintenir le service à la française au patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO. Certains établissements adoptent un nouveau management, ce sont le plus souvent les grosses structures qui établissent ces modèles. 
Le Ninkasi par exemple a supprimé la coupure de ses horaires pour rendre les fiches de poste plus attractives. Le gouvernement lui aussi veut aider le secteur en annonçant que les pourboires ne seraient pas soumis à l'impôt. Parce que bien sur on déclarait tous nos pourboires n'est-ce pas les copains ?
Les bartenders quand ils font 1euro de pourboire sur une carte et qu'il faut en verser 30cts aux impots
Peut être nous faudra t-il tous mettre en place ces nouveaux plannings sans coupures, peut-être allons nous devoir consacrer 10% de notre masse salariale a des formations afin de pouvoir absorber le turn-over d'employés, et peut-être, je dis bien PEUT-ÊTRE allons nous devoir payer un peu plus et récompenser ceux qui historiquement et aujourd'hui encore, font bien plus que ce que prévoit leur contrat.
D'aucun diraient même qu'il est déplacé de compter nos euros avec du personnel qui ne compte pas ses heures...








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